Les habitats pélagiques

Publié le 15 mai 2019 — Modifié le 30 juin 2020

Le domaine pélagique correspond à la zone libre de la colonne d’eau (hors côtes et fond). Il est habité par le pelagos, c’est-à-dire l’ensemble des organismes, animaux et végétaux, qui vivent en pleine mer, sans contact avec le fond marin (par opposition aux espèces benthiques) ou le rivage.

Les organismes pélagiques ou pelagos

Au sein du pelagos, deux catégories d’organisme peuvent être identifiées :

  • Le plancton, caractérisé par sa relative passivité vis-à-vis des mouvements des masses d'eau. Il peut s’agir d’organismes planctoniques végétaux (phytoplancton) ou animaux (zooplancton). En général, les organismes planctoniques sont de petite taille et comprennent des algues unicellulaires de quelques dizaines de micromètres (diatomées, dinoflagellés), des bactéries (de l’ordre du picomètre) et des petits animaux de quelques millimètres à quelques centimètres (crustacés, méduses, larves de poissons).
  • Le necton, qui correspond aux animaux qui possèdent des possibilités de déplacement actif leur permettant de s'affranchir de l'entraînement des courants. Il comprend les poissons et les céphalopodes, les tortues et les mammifères marins.

Le phytoplancton : producteur de matière première et poumon de la planète

À la base de la chaîne alimentaire des écosystèmes marins, le phytoplancton est capable de synthétiser sa propre substance par photosynthèse et de produire de l’oxygène à partir du dioxyde de carbone, des nutriments minéraux assimilés et de l'énergie lumineuse.

Le phytoplancton est très diversifié, comptant environ 5 000 espèces au niveau mondial, réparties en 2 grands groupes principaux :

  • Les diatomées : algues unicellulaires munies d'une enveloppe siliceuse à structure très particulière appelée frustule.
  • Les dinoflagellés : protozoaires nus ou munis d’une « coque externe » et disposant de flagelles locomoteurs.

Dans les milieux tempérés, les conditions favorables du printemps amènent à observer des proliférations phytoplanctoniques spectaculaires sur de vastes étendues océaniques, visibles par un changement de la couleur de l’eau (rouge ou verte). On parle de blooms ou d’efflorescences phytoplanctoniques. Si la plupart des espèces phytoplanctoniques à l’origine de ces blooms sont inoffensives, certaines espèces de dinoflagellés et de diatomées sont toxiques pour la faune marine et pour l’homme, via la consommation de coquillage ayant accumulé les toxines produites.

D’autres espèces phytoplanctoniques ne sont pas toxiques mais peuvent présenter un caractère nuisible pour les organismes marins et pour l’homme. La micro-algue Phaeocystis globosa possède par exemple une forme de vie coloniale correspondant à des milliers de cellules engluées dans une matrice gélatineuse qu’elles ont secrétée.
Sa présence confère à l’eau de mer un aspect de blanc d’œuf. L’accumulation de mousse lors de la dégradation des colonies ajoutée à l’odeur nauséabonde dégagée peuvent impacter les organismes benthiques (par colmatage des branchies par exemple) et nuire à la réalisation des activités récréatives (baignades, pratiques nautiques).

Le zooplancton : élément central du réseau trophique

Le zooplancton correspond aux organismes planctoniques d’origine animale. Hétérotrophes (c’est-à-dire qu’ils produisent de la matière organique par consommation d’organismes vivants ou non), ils sont les principaux consommateurs du phytoplancton. Le zooplancton comprend les animaux multicellulaires les plus abondants de notre planète, et il s’agit d’un groupe très diversifié dont une grande partie des espèces n’a pas encore été décrite ou découverte.

Au sein de la chaîne alimentaire marine, les organismes zooplanctoniques sont généralement classifiés selon leur taille :

  • Le microzooplancton (20 – 200 µm), qui comprend essentiellement les protozoaires ciliés et les dinoflagellés.
  • Le mésozooplancton (200 µm – 20 mm), qui est en général dominé par les copépodes mais peut comprendre des protozoaires de grande taille et du plancton gélatineux de petite taille.
  • Le macroplancton (> 20 mm), qui se réfère davantage au plancton gélatineux de grande taille et en particulier aux méduses.

Les organismes zooplanctoniques occupent une place centrale dans la chaîne trophique marine puisqu’ils constituent à la fois des prédateurs du microplancton et des proies d’organismes de niveaux trophiques supérieurs (poissons, oiseaux marins, méduses). Ils sont à l’interface entre le réseau microbien (ou boucle microbienne) et les maillons trophiques supérieurs.

Les organismes planctoniques : témoins des changements environnementaux

Excellents traceurs des masses d’eau dans lesquelles ils vivent, les organismes planctoniques sont également des intégrateurs, voire des amplificateurs des changements environnementaux. Leur caractère cosmopolite et leur facilité d’échantillonnage en font des organismes de choix pour les études des écosystèmes marins, en tant que témoins des conditions hydroclimatiques et ainsi des changements potentiels du milieu.

Les modifications de la structure du zooplancton (en taille, en composition) peuvent avoir des répercussions importantes sur le fonctionnement du réseau trophique et des conséquences socio-économiques non négligeables. Ainsi, en Mer du Nord, le remplacement progressif du copépode subarctique Calanus finmarchicus par son congénère tempéré Calanus helgolandicus explique en partie la diminution des stocks de morues à la fin des années 1990.

Au cours des deux dernières décennies, plusieurs auteurs ont suggéré que les proliférations de plancton gélatineux pourraient augmenter, en réponse aux changements climatiques et aux perturbations d’origine anthropique affectant les zones côtières (eutrophisation, surpêche, etc.). Bien que de fortes incertitudes persistent sur la généralisation de ces tendances, de tels scénarios appellent à une réévaluation des risques liés à ces organismes.