Extraction des matériaux marins

Publié le 24 mai 2019 — Modifié le 13 janvier 2020

Confrontés à un accès de plus en plus difficile aux gisements terrestres, les producteurs de granulats se sont tournés vers les gisements marins, qui possèdent les mêmes caractéristiques géologiques et représentent donc un parfait complément aux ressources terrestres. L’exploitation des gisements marins est d’autant plus avantageuse lorsque les régions déficitaires en matériaux sont des régions maritimes (limitation des distances de transport).

L’exploitation des matériaux marins est soumise au code minier, qui impose un suivi environnemental des extractions, et contrôlée par les pouvoirs publics.

Présentation de la ressource

Les granulats marins peuvent être décomposés en deux familles : les matériaux siliceux et les matériaux calcaires (sables coquilliers). Les matériaux siliceux sont utilisés principalement dans le domaine du bâtiment et des travaux publics – principalement pour la fabrication de bétons – et, localement, pour le maraîchage. Quant aux matériaux calcaires, extraits en Bretagne Nord, et plus marginalement en Bretagne Sud, ils servent à la fabrication de produits utilisés pour l’amendement des sols acides et pour le traitement des eaux. Depuis 2013, il est interdit d’extraire du maërl, matériau d’accumulation d’algues rouges à squelette calcaire, utilisé autrefois pour le traitement de l’eau potable, la fabrication de compléments alimentaires, de produits cosmétiques et pour la dentisterie.

Les granulats marins peuvent également servir au rechargement des plages, et donc à pallier l’érosion côtière. En France, le rechargement des plages est un marché moins important qu’en Europe du Nord. Toutefois, les besoins en matériaux pour la gestion de l’érosion côtière sont élevés : ils seraient compris entre 2 à 3 millions de tonnes de sable par an au niveau national. Les matériaux utilisés pour ces opérations peuvent provenir de carrières terrestres, de dragages portuaires ou d’extractions en mer.

Le tableau suivant donne un aperçu des ressources disponibles de granulats marins à l’échelle nationale.

Estimation des ressources de granulats marins disponibles en France métropolitaine, par sous-région marine (aucune donnée disponible pour la Méditerranée). Source : Ministère chargé de l’environnement, 2016

Sous-région marine

Volumes en millions de m3

Manche – mer du Nord

149 000

Mers Celtiques

164 000

Golfe de Gascogne

230 000

TOTAL

543 000

Production de granulats marins et tendances

Il existe aujourd’hui 19 sites d’extraction en France situés autour de 22 ports de débarquements. L’extraction de granulats marins concerne plus de 650 emplois, 15 navires sabliers et deux usines de retraitement de calcaires.

L’extraction de granulats marins ne représente actuellement que 7 millions de tonnes par an, soit 2% de la production nationale de granulats. La production de granulats marins a nettement diminué depuis la crise économique de 2008, en lien direct avec la baisse de l’activité du secteur du bâtiment (demande moins forte en matériaux de constructions).

Les impacts de l’extraction de granulats sur le milieu marin

L’extraction de granulats exerce les impacts suivants sur le milieu marin  :

  • une remise en suspension de particules (nutriments, micropolluants et micro-algues) ;
  • l’eutrophisation : l’augmentation des teneurs en nutriments dans l’eau favorise le développement des algues (on parle de « bloom ») ;
  • des perturbations sonores : il s’agit essentiellement du bruit généré par les navires ;
  • des modifications de la nature et de la profondeur des fonds ;
  • des extractions d’espèces. Lors de l’aspiration du granulat, certaines espèces vivant sur le fond peuvent être aspirées et rejetées, causant de nombreuses blessures et mortalités. Les individus les plus touchés sont ceux de petite taille, ayant une faible capacité de fuite ;
  • de l’érosion et des modifications du trait de côte : en modifiant la dynamique sédimentaire, les extractions peuvent, dans certaines conditions, entraîner des phénomènes d’érosion du littoral.

En savoir plus

UMR AMURE (2019). Analyse économique et sociale : Rapport scientifique pour l’évaluation initiale 2018 au titre de la directive-cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM – directive n°2008/56/CE).